Toulouse est Charlie
Aujourd’hui à Toulouse comme dans la plupart des grandes villes de France, l’heure est à la consternation et l’humeur à la tristesse. Au lendemain des évènements qui ont frappé Paris, la ville s’engloutit doucement dans une torpeur qui en dit long sur l’état d’esprit de chacun.
Dans le métro, un calme inhabituel. Les têtes sont baissées, les regards sont fuyants la tension est palpable. Les conversations sur l’actualité sont mises de côté, l’émotion est encore trop vive et une étincelle pourrait mettre le feu aux poudres. Alors on se veut prudent, l’œil hagard on tente de comprendre, en vain. Aujourd’hui, on ne répond que par monosyllabes. On rend hommage calmement, douloureusement.
J’arrive dans l’enceinte de l’université Jean Jaurès, sur la grande place une foule immense est venue témoigner son soutien aux disparus. Des affiches sur lesquelles on peut lire « Je suis Charlie » parsemées ici et là. Pas de discours, les visages amers sont éloquents. Que dire face à la bêtise humaine ?
Aujourd’hui, il ne fait pas bon de porter le voile en France, ça aussi il faut le dire, les raccourcis sont vite fait. On ne comprend pas « qu’une religion puisse être si meurtrière à travers le monde ». Ces mots je les entends. Des mots tenus furieusement par une jeune femme aux yeux embués. Est-ce la religion cependant ? L’islam ou les monstres qui l’interprètent comme bon leur semble?
Hier je tweetais : » Vous dites : ne faites pas d’amalgames, mais à la longue c’est dur de ne pas en faire, #ViolenceEverywhere #CharlieHebdo ». De confession musulmane, je m’attends qu’à la fin on ne veuille plus croire à ces VRAIS musulmans au cœur apaisé, refusant toute forme de haine et de radicalisation. De Sydney à Montauban en passant par Paris hier, on contredit ces derniers. On les salit.
Mais pourquoi Toulouse est aussi bouleversée ?
C’est parce que Toulouse connaît très bien cette amertume qui ronge Paris. Elle se rappelle l’affaire Merah et des tueries qui ont fait la Une de tous les quotidiens nationaux. Pour la première fois, la ville est confrontée à ce qu’on appelle du terrorisme concret. Le mot est là, cruel et effrayant. Elle sait les traumatismes laissés par pareille attaque : un sac abandonné à un arrêt tramway et c’est la panique : services métro, bus et tramway arrêtés, périmètre quadrillé : on appelle les équipes de démineurs pour finalement se rendre compte que ce n’est qu’un cartable oublié là par un gamin. Pour cela et parce que Toulouse sait que le travail de « guérison morale » est un travail de longue haleine, la ville compatit.
C’est avant tout, une banalisation de la vie humaine, une atteinte à la noble vocation qui est d’informer. Preuve conséquente du fait que le journalisme est bien un métier dangereux aussi bien pour le reporter de guerre à l’autre bout du monde que pour l’éditorialiste ou le caricaturiste dans son bureau qui a pour seule « arme » son crayon. C’est toute la famille du journalisme (et pas qu’occidental) qui est en deuil.
Parce qu’on peut montrer son désaccord sans plonger dans la bestialité. Parce qu’on peut ne pas être du même avis et le montrer autrement qu’en tuant sauvagement. Aujourd’hui il est important de dire et de marteler qu’on ne cautionne pas ce qui se passe aussi bien en France, qu’en Syrie, en Palestine ou au Nigeria. Les combats sont différents, mais on aspire à la même finalité : la paix. Pourquoi donc ne pas faire un bout de chemin ensemble et lutter à l’unisson ? Car si Toulouse est Charlie, elle est également tous ces jeunes innocents qui tombent toutes les heures à travers la planète.
On peut ne pas être fan de ce journal et aujourd’hui être indigné par ce qui leur ait arrivé.Si si c’est parfaitement possible #CharlieHebdo
— Dédé✨ (@De_Vous_a_moii) 8 janvier 2015
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