J’aurais aimé être là
En quelques secondes tout bascula, tout se joua. Elle ne serait plus là, sœur tant aimée, tant chérie. Damnée. Le destin imprévisible, ignoble et parfois tellement cruel l’avait arrachée à moi, m’avait arraché une vie débordante de joie et de gaieté.
Ô Divinité, pourquoi fallut-il qu’elle eusse ce vertige au moment précis où ce train passait ?
J’aurais aimé être là, être là pour elle.
Ce fantastique tic qu’elle avait de hausser les sourcils à chaque parole me hante dans toutes mes pensées, les rendant opaques, obscures.
J’aurais aimé être là, être là pour elle.
Étudiante et travailleuse, ton modeste rêve était de devenir infirmière pour aider un frère qui n’avait plus de repère que toi.
J’aurais aimé savoir ce à quoi tu pensais quand cette après-midi tu t’affalas sur ces rails glacés. J’aurais aimé te saisir, panser tes blessures quotidiennes, extraire toute cette angoisse qui avec perfidie t’avait lentement envahie, traîtresse. J’aurais aimé embrasser ton corps, tes seins, tes lèvres doucement pour qu’ils ne soient point ensanglantés.
Et puis plus RIEN
– La mélodie d’un téléphone
– La seconde de TROP
– L‘éphémérité d’un souffle
Tu n’étais plus là
J’entendis les paroles fatidiques : la mort, la mort en elle-même t’avais prise, volée à nous. Amoureuse des belles âmes.
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